Edito de Mai

Edito de Mai.

 Politique et miséricorde

 

Dimanche 24 avril, premier dimanche après la grande fête de Pâques, nous fêtions la Miséricorde divine. C’était aussi le 2e tour de l’élection présidentielle… La concomitance de ces deux événements était tout à fait fortuite. Pourtant, je n’ai pas pu m’empêcher d’y chercher du sens pour l’avenir de notre pays. N’est-ce pas le signe que la vie politique a besoin de miséricorde ? 

Une campagne électorale est en effet marquée par des confrontations et des joutes verbales entre candidats qui peuvent s’avérer d’une grande violence. De leur côté, des citoyens n’hésitent pas à exprimer publiquement leur haine envers l’un ou l’autre prétendant à la fonction suprême. Les familles elles-mêmes ne sortent pas indemnes de cette période : les discussions de table sur les choix électoraux débouchent parfois sur des rancœurs durables.

Il y a un étonnant paradoxe à voir l’art de la vie en commun qu’est la politique produire de telles tensions et divisions. Et c’est bien pour cette raison qu’elle a besoin de miséricorde… Pour guérir des relations abîmées, pour ramener la paix dans les familles et les communautés, mais aussi pour orienter les choix sociaux. Car la miséricorde a aussi une portée sociale, économique, géopolitique, comme l’a rappelé à plusieurs reprises le pape François en 2015-2016 lors de l’année sainte extraordinaire dédiée à la miséricorde.

La miséricorde permet de voir large, de dépasser la sphère des intérêts égoïstes et de court terme. Elle seule peut nous délivrer des flammes de la défiance, de la peur, de la haine… C’est pourquoi elle doit devenir une composante de l’action publique, inspirer les mots de la politique et de la diplomatie.

La miséricorde n’était pas au programme des candidats qui restaient en lice ? Qu’importe, chacun de nous peut la faire entrer en politique en faisant de son vote un acte d’amour miséricordieux. Comment ? En votant non par désarroi, ni par dépit, ni par haine, mais avec la ferme volonté de promouvoir ou de protéger une conception de la vie en commun, de la démocratie, de la justice, de la paix, en faveur du bien de tous, du bien de nous tous.

 Père Dominique Greinier rédacteur en chef de Croire-La Croix

 

26 avril 2022